Avec l’arrivée de Dragon Ball Super, pour beaucoup, l’un des plus gros défauts de l’anime était la censure, masquant quasiment toute goutte de sang, étant considéré dans l’essence de Dragon Ball par un large nombre. Mais cette censure, elle n’est pas arrivée avec DBS, mais bien avec l’âge Dragon Ball moderne, sans compter le large filtre par lequel est passé l’oeuvre depuis ses débuts, différent selon les endroits du monde et appliqué sur n’importe quel média .
Vous vous posez peut-être des questions sur la raison de beaucoup, ou il est possible que vous n’en connaissiez pas certaines. C’est pour cela que nous souhaitions parler en globalité de la censure dans Dragon Ball et même dans les animes en général.
D’abord, celle dont il est intéressant de parler, c’est la censure présente à l’époque du Club Dorothée, l’émission qui a importé assez tôt Dragon Ball chez nous par rapport au reste du monde et qui est une grande source dans l’amour que porte aujourd’hui la France pour le Japon, ainsi que sa culture.
La censure était présente dès le début, mais elle a été amplifiée jusqu’à l’arrêt de la série en 1996, surtout pour des raisons politiques et tout particulièrement grâce à notre chère Ségolène Royal qui est venu nous sauver des dessins animés violents faisant « l’apologie du meurtre et du héro violent ». (propos vraiment tenus par elle)
La question qu’on peut se poser quand on a pas connu cette époque en politique, c’est pourquoi une femme de gauche, car elle était déjà dans le Parti Socialiste à l’époque, décide de partir en croisade contre les dessins animés japonais ? Les deux plus grosses réponses à ça sont liées, c’est à dire que le Parti Socialiste était rempli « d’artistes français » qui n’appréciaient pas du tout cette exportation du marché japonais, surtout que les droits de diffusions pour l’occident se négociaient à l’époque pour une bouchée de pain par rapport à maintenant.
En gros, ils voulaient défendre leur bifteck contre l’invasion japonaise. C’était une bonne occasion pour Ségolène Royale de faire parler d’elle tout en se faisant bien voir par un bon nombre de ses collègues. Cela lui permettra de faire de nombreux plateaux télés, elle publiera un livre en 1989 du nom de « Le ras-le-bol des bébés zappeurs », où elle traitera la télévision, dont particulièrement les dessins animés japonnais diffusés, avec le même traitement fait pendant longtemps aux jeux vidéo, rendant les enfants agressifs, anxieux, leurs donnant des cauchemars, des troubles du sommeil, ainsi qu’une vision terrible sur tous plein de sujets, de part la médiocrité et la violence des programmes, etc. Et tout ce qui est dit ici n’est pas exagéré, il s’agit vraiment de ce qu’il y a écrit dans le livre, quasi mot pour mot. Et comme Dragon Ball Z était le dessin animé japonais pour garçons le plus populaire et de très loin, surtout représenté au Club Dorothée avec les téléspectateurs qui pouvaient voter pour leur dessin animé préféré, il fut une cible de choix dans cette stratégie politique.
En arrivant à s’emparer de l’esprit des parents plutôt crédules face à l’émergence d’une culture qu’ils ne connaissaient pas, Ségolène Royal transformera ce sujet en un véritable débat important, et en le représentant surtout comme un vrai danger pour la santé mentale des enfants. Avec en plus la recrudescence des jeux vidéo venant beaucoup du Japon, certaines personnes, dont pas mal de parents, commençaient à développer une haine envers les japonais, voir même envers les asiatiques en général, qui pour eux, essayaient de corrompre leurs chères petites têtes blondes, jusqu’à que certaines individus pouvaient même parler de « couper la tête des japonais » à la télévision sans aucune gêne.
De son côté, Ségolène Royal arrivera à valider son poste de ministre de l’éducation en 1991, et une loi finira par passer, imposant des quotas de dessins animés français et européen, pour faire face à la recrudescence du marché de l’animation japonaise. D’ailleurs, ce qui est cocasse dans toute cette histoire, c’est que bon nombre des productions dites « françaises » étaient en réalité animés en Corée ou au Japon, ce qui renforce encore plus l’aspect politique de se faire bien voir, face à la vraie conviction à défendre.
Au final, on se plaçait dans le haut du panier de la censure sur Dragon Ball et Dragon Ball Z parmi les pays qui diffusait l’oeuvre, sans même parler que le générique d’Ariane (paix à son âme) est un gag connu à l’échelle mondiale, vu que c’était habituel de refaire les openings. Après, cela ne veut pas dire que le reste du monde était tranquille, avec par exemple les États-Unis qui éditaient carrément les passages problématiques, enlevant souvent du sang, et généralement c’était assez propre, sauf des fois, comme avec le filtre bleu sur Mr.Popo. Ce personnage est sûrement le plus problématique de toute l’oeuvre là-bas, tout simplement par rapport au symbole de « blackface » qu’il représente, où on essayait de la cacher en le rendant plus bleu que noir dans l’anime, mais surtout, VIZ Media, l’éditeur de Dragon Ball aux USA, supprimait carrément ses lèvres rouges dans le manga.
Enfin, l’Amérique est pas mal au niveau de la censure, merci notamment à 4Kids qui distribuait bon nombre d’animes à l’époque, où ils enlevaient le plus de références possible au Japon, jusqu’à remplacer des Onigiri par des sandwichs, voir même ne pas les éditer et juste appeler ça des donuts.
Après, tout ça c’était à l’époque, on peut se dire qu’aujourd’hui ça a changé, mais comme vous le savez pour Dragon Ball, la censure est toujours présente, désormais partout et à la source directement, mais les raisons ne sont vraiment les mêmes qu’avant.
La raison principale…c’est nous, l’occident. Il faut savoir que la popularité d’une œuvre est assez peu souvent la même entre le Japon et le reste du monde, il y a certaines choses dont ils seront extrêmement fans, dont on entend jamais parler et c’est pareil dans le cas inverse. Pour la licence Dragon Ball, elle reste populaire au Japon, mais elle explose surtout à l’international, tellement l’oeuvre a marqué de générations différentes. De ce fait, les ayants-droits comme Shueisha ont commencé à réveiller la licence avec Dragon Ball Kai à partir de 2009, qui était globalement un test du marché pour eux, histoire de voir la popularité qu’elle avait à ce moment là. Cependant, comme les ayants-droits voulaient désormais cibler principalement un public occidental, et qu’ils étaient au courant de tous les cas de censures dans le monde, ils ont préféré directement appliqué la leur, permettant par la même occasion de pouvoir s’insérer plus facilement sur ce marché. La censure s’est surtout faite via le sang, qui était le filtre le plus global dans le monde. Mais là où c’est marrant et triste à la fois, c’est que bon nombre de pays ont quand même refait de la censure par-dessus, que cela soit pour Dragon Ball Kai ou Super. Ça s’est là-aussi beaucoup ressenti sur la censure abusive et désastreuse de Toonami en France, chaîne qui est bien différente aux États-Unis et bien mieux gérer.
D’ailleurs, la différence de culture autour de la réception de ce genre de contenu plus violent par les enfants est bien différente entre le Japon et l’occident, ou plus précisément la France. Vous vous en doutez, Dragon Ball Kai et surtout Super, ont été conçus pour viser en cible majoritaire les enfants, souhaitant continuer d’étendre son public à travers les différentes générations. Au Japon, Dragon Ball Kai et Super ont été diffusés sur la chaîne FujiTV tous les dimanches matins à 9h, dans une plage horaire dédiée à certains animes, où l’épisode de One Piece suivait directement. Pas mal on pensait que cela était dû à l’horaire tôt sur une chaîne assez populaire qui causait cette censure, cependant One Piece était de son côté bien moins censuré, et surtout, Kitaro un anime très connu au Japon qui a remplacé Dragon Ball Super après son arrêt en Mars 2018, ne lésine par sur le sang ou sur certains éléments glauques. C’est là qu’on peut constater pas mal de choses, One Piece est certes populaire dans le monde en général, mais la Shueisha vise moins le public occidental qu’avec Dragon Ball, déjà qu’il faut savoir que c’était assez étonnant de les voir prendre ce genre de décision à l’époque. Et pour Kitaro , l’oeuvre sort encore moins du Japon, la licence est vraiment destiné à ce public là. Pourtant, ces 3 animes sont tous produits par le studio Toei Animation, ainsi que les droits de la licence détenus et gérés par la Shueisha.
La différence est que les enfants japonais sont habitués à tout ça, et ne sont pas considérés comme des êtres à absolument protéger de ce genre de contenu, dans une certaine limite évidemment. Alors qu’en occident, tout est bien plus strict sur ce qui est montré, surtout à la télévision, et qu’il y a toujours ce côté réfractaire chez les ayants-droits par chez nous, sur ce qui doit être diffusé ou non aux enfants.
Ce n’est qu’une hypothèse, mais il est fort probable que cette différence de traitement est due à notre héritage imprégné de la chrétienté, qui tournait beaucoup l’éducation de l’enfant comme quelque chose de très sacré, et qui n’hésitait pas à dénoncer tout ce qui n’allait pas, voir pouvait se montrer dangereux pour nos chères petites têtes blondes. Tandis qu’au Japon, vu que le christianisme et eux ça fait deux, forcément les choses sont différentes sur bien des domaines.
Bref, vous l’aurez compris, les raisons majeures dans l’histoire qui ont mené à pas mal de censures en France sur les animes japonais sont politiques, culturelles et commerciales. Ce filtrage sur l’époque de Dragon Ball moderne n’est pas que présente sur les animes, mais aussi dans les produits dérivés tels que les jeux. À l’inverse, d’autres médias se retiennent moins, comme le manga DBS, qui nous offre du contenu un peu plus osé. Après, bien qu’il est concevable que cela soit dérangeant, il est possible que la fixette ait été un peu trop grande là-dessus en occident, dans le sens où on ne perd pas vraiment un propos par rapport au remplacement qui est fait, et bien que certain moments dans Dragon Ball étaient un peu trash, ils restaient assez rares, et surtout n’étaient jamais vraiment détaillés.