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Samurai 8 tomes 1 et 2 : L’après Naruto de Masashi Kishimoto

5 ans après avoir marqué l’histoire du manga avec Naruto, Masashi Kishimoto nous présente sa nouvelle œuvre, Samurai 8: La légende d’Hachimaru.

Fasciné par la science-fiction, Samurai 8 représente pour lui l’occasion d’explorer le genre. Ainsi, c’est dans le cadre d’un monde dans lequel la technologie est bien plus avancée que la nôtre que les aventures d’Hachimaru prennent place. Bien que dépaysant, on retrouve dans Samurai 8 les éléments qui ont su faire le succès de Naruto. La mise en scène des combats mais aussi l’esthétique épurée des décors.

Samurai 8 est un travail collaboratif. Masashi Kishimoto scénarise tandis qu’Akira Okubo dessine. La coopération entre les deux auteurs remonte à 2005. La publication de Naruto ayant commencé depuis 6 ans, M. Kishimoto nécessite l’aide d’un assistant pour améliorer son efficacité. Okubo est contacté et commence son travail à ses côtés. Il l’accompagnera jusqu’à la fin de la publication du manga en 2014. Désormais, mangaka et assistant travaillent en tandem afin de nous livrer une histoire inédite.

Okubo dans le grand bain !

Samurai 8 est publié chaque semaine dans le Weekly Shonen Jump, le magazine phare de la maison d’édition japonaise « Shueisha ». Il s’agit du magazine ayant publié auparavant Naruto et dans lequel on retrouve aujourd’hui des mangas prometteurs tels que My Hero Academia, Dr. Stone ou Les rôdeurs de la nuit. À la fin de chaque Jump sont présentés les résultats d’un concours de popularité. Les 15 mangas du magazine sont classés par les lecteurs et par ordre de préférence.

Ce classement joue un rôle capital pour les auteurs car il décide de leur avenir. Un bon classement signifie un succès à venir, tandis qu’un mauvais classement peut parfois signifier l’arrêt prochain d’une série. Lancé en Mai 2019 au Japon le manga semblait s’être fait une place dans le cœur des lecteurs oscillant entre la 5ème et la 10ème place. Mais l’arrêt de plusieurs séries en peine de succès risquent de troubler ce rythme de croisière, Samurai 8 se retrouvant régulièrement dans les parties plus basses du classement.

Samurai 8 est le premier manga d’Okubo, cela laisse sous-entendre deux choses : N’ayant encore jamais conçu de série, son style reste encore à définir. Mais surtout, ayant réalisé le travail d’un assistant pendant 9 ans, son atout principal consiste à s’adapter aux attentes du scénariste, Kishimoto. De plus, maintenant que leur travail est commun, travailler d’égal à égal et ne pas s’effacer devant son ainé pourrait se révéler ardu. On espère donc que Samurai 8 sera le manga permettant à ce nouveau talent de briller. Comme le dit un personnage de la série « l’essence se trouve dans les contraires » et il se pourrait bien qu’ici la surprise ne vienne pas du grand maître mais de l’apprenti.

Les chapitres de Samurai 8 sont édités simultanément au Japon et en France par la Shueisha et Kana, les maisons d’édition s’étant occupés de Naruto et plus récemment Boruto. Les tomes 1 et 2 de Samurai 8 sont disponibles en France depuis le 29 novembre 2019 en version premium et le 6 décembre 2019 en format normal.

Dans une galaxie lointaine, très lointaine…

« La galaxie est en fin d’existence. Pour tenter de sauver les planètes éparpillées en son sein, un samouraï a reçu la mission de trouver la « boîte de Pandore », dans laquelle le Dieu de la guerre Fudo Myoo a enfermé le secret qui sauvera le monde. Pour l’ouvrir, il faudra tout d’abord trouver les 7 clés. Hachimaru, un enfant faible et sous assistance médicale depuis sa naissance pourrait jouer un rôle dans cette quête ».

Mais qu’est ce qu’un samouraï dans un monde où le divin et la science se côtoient ? Eh bien dans Samurai 8, les samouraïs sont des êtres élus. Autrefois humains, ils ont reçu la bénédiction de Fudo Myoo. Transfigurés, leur corps devient un mécanisme complexe alimenté par leur âme, ce sont des cyborgs invulnérables. Constituant leur arme la plus puissante, l’âme des samouraïs représente  leur honneur, un honneur qu’il est nécessaire de nourrir par une passion ardente au risque que l’âme ne s’éteigne emportant avec elle le guerrier téméraire.

Les personnages présentés par Samurai 8 sont attachants. Que ce soit Daruma le samouraï intrépide, Hachimaru l’enfant plein de rêves, ou encore Hayataro le chien qui miaule, ils contribuent à la création d’une atmosphère de sérénité soutenue par le style graphique. Bien que certains visages puissent nous rappeler nos ninjas préférés, les personnes arpentant le monde des samouraïs semblent présenter des traits plus avenants. Les formes sont pour le plus souvent arrondies et l’épaisseur des traits plus marquée nous rappelant le style graphique de bandes dessinées franco belges. Ainsi une certaine chaleur se dégage des personnages évoluant dans des décors tout aussi somptueux, notamment des paysages épurés et étendus, le tout avec un sentiment de liberté et d’insouciance se dégageant des différents sites traversés par nos personnages.

Mais fidèle à ses propos l’essence du manga elle aussi réside dans ses contraires. Progressivement, le dépaysement laisse place à la solitude et les vaste étendues à un espace infiniment vide, la menace rôde et peut frapper à tout moment. Cette ambiguïté est retranscrite par un découpage simple de l’action permettant au lecteur de facilement se projeter dans cette dernière. Malgré le temps intersidéral sur lequel l’histoire est censée s’étaler, l’action se suit en temps réel accentuant l’immersion dans ce monde irréel.

Cyber samouraï, mais samouraï tout de même …

On retrouve dans Samurai 8 une thématique chère à M. Kishimoto, celle de la destinée déjà explorée dans Naruto à travers le prisme des divinités shintoïstes et désormais au travers du panthéon bouddhique. La destinée, ambivalente se place au centre des œuvres de l’auteur. Néanmoins, redéfinie par de multiples révélations au cours des 15 premiers chapitres, elle évolue.

Guidé par Daruma, un chat ayant fait de son mantra la phrase « Plus une chose est précieuse plus elle échappe à notre champ de vision », le protagoniste est incité à se questionner perpétuellement : Qu’est-ce-que le destin ? Qu’est ce que le hasard ? Quelle direction prendre ? On regrette cependant que les personnages évoluant en orbite d’Hachimaru ne subissent pas le même traitement, on pense notamment à An introduit lors du 6ème chapitre. Liée à Hachimaru par le destin celle ci est censée prendre de plus en plus de place dans la trame principale, et pourtant bien que nécessaire, ce personnage semble rester passif.

Cette différence entre le traitement du personnage principal masculin Hachimaru et du personnage principal féminin An semble faire écho à un thème aussi encré dans l’univers de Samurai 8, celui de la dualité entre tradition et modernité. Les auteurs nous en offre le meilleur : l’histoire palpitante de samouraïs censés protéger leur galaxie; mais aussi le moins bon : ces samouraïs ont aussi pour rôle de protéger des princesses élevées dans la seule optique de favoriser l’apparition de plus de samouraïs.

Bien que pouvant évoluer, il peut être dommage de conserver un tel élément du traditionnel dans une œuvre se voulant résolument moderne en s’adressant avant tout à la nouvelle génération. La modernité s’exprime dans la technologie, mais la société reste très ancrée dans la tradition, une frontière qui aurait gagné à être plus poreuse.

Samurai 8 s’impose comme une œuvre ambitieuse souhaitant rassembler passé et futur, premiers comme prochains lecteurs de Masashi Kishimoto. Il s’agit d’une célébration des valeurs du Shonen nekkestsu dans la forme et le fond, où l’ancien sert le nouveau. Bien que le risque de s’éloigner de son propos originel soit présent, Samurai 8: La légende d’Hachimaru propose une expérience dépaysante et rafraîchissante. On attend impatiemment de voir si le manga va réussir à confirmer son départ, en attendant, les tomes 1 et 2 sont disponibles chez Kana !

Xela

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