Vous vous souvenez très certainement de ce moment mythique de l’apparition de Mirai Trunks dans Dragon Ball Z, un moment extrêmement fort. Trunks qui dévoile que Goku n’est pas le seul Super Saiyan, qui tranche Freezer sans aucune difficulté, le tout avec une mise en scène épatante, une animation très propre, ainsi qu’une musique marquante. Pourtant, saviez-vous que la musique de cette scène légendaire est-en fait…un plagiat ?
Aujourd’hui, nous allons parler d’un des plus grands scandales de l’histoire de Dragon Ball, le cas de Kenji Yamamoto.
Déjà, qui est Kenji Yamamoto ? Il s’agit d’un des trois gros compositeurs ayant travaillé sur la licence, avec Shunsuke Kikuchi (Dragon Ball, Dragon Ball Z) et Norihito Sumitomo aujourd’hui (Dragon Ball Kai, Battle of Gods, Fukkatsu No F, Dragon Ball Super et le film Broly). Il est principalement connu pour ses diverses arrangements sur de nombreuses chansons d’openings, d’endings, ainsi que d’insert songs de Dragon Ball Z, surtout sur celles de son meilleur ami, Hironobu Kageyama (Cha-La Head-Cha-La, We Gotta Power, We Were Angel, etc.), le chanteur le plus populaire de toute la licence, mais aussi pour être le compositeur de la grande majorité des jeux vidéo Dragon Ball entre 1993 et 2008, surtout des deux tiers de Dragon Ball Kai, jusqu’à la fin de l’arc Cell. Autrement dit, c’est le compositeur qui a travaillé le plus longtemps sur Dragon Ball, et vous avez surement déjà entendu nombreux de ses travaux.
Maintenant qu’est ce qu’il s’est passé ? Et pourquoi représente-t-il l’un des plus grands scandales de Dragon Ball ? En 2009 est annoncé Dragon Ball Kai, remasterisant l’anime Dragon Ball Z, avec de la 16:9, une coupe d’énormément de passages fillers, de nouveaux doublages, ainsi qu’une nouvelle OST, où Kenji Yamamoto a été sélectionné comme dit précédemment. Nous nous retrouvons deux ans plus tard, soit en 2011, nous sommes à la toute fin de l’arc Cell, et Yamamoto compose tranquillement ses petites musiques. Cependant, avec la puissance d’internet qui grimpait en flèche à ce moment-là, certains fans pointent du doigt une ressemblance, entre quelques BGM de Dragon Ball Kai, et certaines de petits films d’auteur, comme Avatar ou Terminator. L’affaire retentit beaucoup à l’international, notamment dans la sphère anglophone, et le 9 Mars 2011, la Toei Animation annonce soudainement le licenciement de Kenji Yamamoto, après plus de 24 ans de collaboration avec lui.
Déjà, peut-être que vous vous dites qu’il doit s’agir d’une ressemblance fortuite ou d’un malentendu. De ce fait, voici une vidéo de comparaison qui permettra de vous faire votre propres avis, vous pourrez aussi en retrouver d’autres sur YouTube.
Ensuite, et c’est là le point le plus important, ces cas de plagiat ne datent pas de Dragon Ball Kai, mais de quasiment le début de sa carrière sur Dragon Ball. On en retrouve un peu partout au fil du temps, que cela soit sur Dragon Ball Z, dans les films, mais surtout dans les jeux. L’information circulait un peu sur certains forums à l’époque, mais ne faisait pas vraiment de bruit, de par le manque de puissance d’internet avant les années 2010, et que la mentalité était différente. Cela était plus dressé comme un constat, plutôt que comme une manière de le faire virer.
La question que vous pouvez vous poser, c’est comment se fait-il qu’il ait fallu tout ce temps pour le prendre la main dans le sac ? Et nous vous répondrons que ce n’est pas tant le temps qu’il a fallu pour pointer du doigt ses actes, mais plutôt celui pour qu’il y ait des répercussions. Il y a encore une ou deux décennies, le Japon était bien plus fermé au monde comparé à aujourd’hui, cela implique aussi son ouverture à la culture étrangère, et c’est sur ce terrain là que Yamamoto jouait. Il reprenait souvent d’assez vieux morceaux de musiques, de groupes et chanteurs en eux-mêmes, voir de séries, films ou jeux vidéo, certains étant parfois locaux, mais il s’agissait toujours d’œuvres plus ou moins connues à l’étranger, ce qui faisait qu’au Japon, c’était bien moins le cas, il a pu donc surfer sur cette méconnaissance globale.
Et apparemment, il y a quelques bruits de couloir, donc à prendre avec des pincettes, que bon nombres d’internes étaient déjà au courant de tout ça, mais que le bruit ne serait jamais sorti évidemment. Le problème, c’est que Yamamoto a baissé sa garde et a été trop confiant, en faisant de moins en moins attention à ses plagiats, jusqu’à reprendre du travail venant de deux des plus gros films de l’histoire du cinéma. Avec cette controverse qui s’ébruitait de plus en plus, surtout aux États-Unis, là où Yamamoto venait puiser le plus, et que l’affaire commençait à remonter sérieusement à des oreilles importantes du milieu, la Toei Animation et tous les autres ayants-droits travaillant avec lui, ont préféré le mettre à la porte, plutôt que de se retrouver complice, et donc faire face à de très gros soucis en justice.
Tout ça a beaucoup fait parler au Japon, et les conséquences se sont fait énormément ressentir sur la licence Dragon Ball. Déjà, la première, cela a été d’enlever tous ses travaux de la diffusion télévisée au Japon de Dragon Ball Kai, à partir de l’épisode 96, et de les remplacer par ceux de Kikuchi sur Dragon Ball Z, en comptant que cela a été effectif pour la télévision jusqu’à la fin de l’arc Cell, ce qui représentait 3 épisodes, étant donné qu’il finissait au 98, même si cet épisode-là sur le futur de Trunks ne fut même pas diffusé. Ce changement a aussi eu lieu sur les Blu-Ray et DVD, où à terme, la Toei a sorti de nouvelles éditions avec l’OST de Kikuchi, où le placement et mixage sont absolument dégueulasses, tant cela a été fait dans l’urgence.
Pour continuer dans ce registre, à partir de l’été 2011, ceux qui ont acheté en magasin le jeu Dragon Ball Raging Blast 2, ont pu constater quelque chose d’assez surprenant, vu que les musiques, ils les avaient sûrement déjà entendu, compte tenu de l’OST de Raging Blast 2 où Yamamoto avait composé la musique d’opening, ainsi qu’ayant fait des arrangements sur certaines pistes, mais n’étant pourtant pas le compositeur, elle a été remplacée par celle de Budokai Tenkaichi 2. Également, quand Bandai Namco ressorti Dragon Ball Z Budokai 1 et 3 en version remaster, sous le nom de Budokai HD Collection en 2012, ils en profitèrent pour continuer d’effacer les traces de l’histoire de Yamamoto, en changeant toute l’OST.
Aussi, pour en rajouter encore une couche, deux jours après l’annonce du licenciement de Yamamoto, soit le 11 Mars 2011, le désastre de Fukushima s’abat sur le Japon. Sur le point de vue de la Toei vis-à-vis de Dragon Ball Kai, entre l’affaire «Plagiamoto», cette catastrophe, d’autres problèmes par-ci par-là, ainsi que la série qui arrivait à un point de transition, soit la fin de l’arc Cell, l’anime a été stoppé pendant trois ans, avant de revenir sous un nouveau jour avec l’arc Buu, le 6 Avril 2014, où on a pu entendre les travaux du nouveau compositeur officiel des grosses productions animées Dragon Ball, soit Norihito Sumitomo.
Enfin, Hironobu Kageyama décida de ne pas renouveler son contrat en 2012 avec les ayants-droits de Dragon Ball, notamment par rapport au traitement qu’a eu Yamamoto qui était son meilleur ami. Et pour ce dernier, comme se retrouver dans une controverse comme ça au Japon, surtout pour des accusations de plagiats, c’est très grave, il fut banni officieusement du monde de la composition et de la musique. Nous n’avons quasiment pas eu de nouvelles de lui après ça, si ce n’est qu’il aurait arrangé quelques musiques pour Kageyama, et qu’il en produirait juste dans son coin.
Et au cas où vous vous posez la question de s’il avait été poursuivi en justice ou non, sachez que dans ce genre de cas, où on parle avant tout d’accusations, cela va généralement plus se régler sur un plan plus civil, ce qui a été le cas ici avec le licenciement immédiat de Yamamoto.
Après, ce n’est pas pour autant qu’il n’a jamais rien fait d’original (ou du moins pour lesquelles nous n’avons rien trouvé), mais en tout cas, pour ce qu’il a apporté à Dragon Ball, beaucoup de fans, ont toujours un certain amour pour lui, et que malgré tout ça, peut-être qu’il s’agit d’un piètre compositeur ayant peu d’inventivité, mais cela reste un excellent arrangeur.