Les 7 Ninjas d’Efu est un manga de Takayuki YAMAGUCHI paru au Japon en 2015 et publié chez nous depuis août 2019 aux éditions Meian. L’auteur est surtout connu en France pour sa précédente série, Shigurui, sortie de 2003 à 2010 et qui a connu une adaptation animée en 2007, disponible sur Netflix. Meian prévoit d’ailleurs de rééditer le manga en France d’ici la deuxième moitié de 2020, et soyez en sûrs, nous vous en reparlerons en temps voulu.
Kakugo est un jeune barbare de la vallée Hagakure. Kaizô et Iori sont deux opposants de Ieyasu Tokugawa, le nouveau commandant suprême. Alors qu’ils fuient sa milice pour se cacher dans la vallée, le village de Kakugo les recueille et leur propose de quoi survivre. La milice finit par les retrouver, ce qui cause la mort de Kakugo. Comme 6 autres personnes, à sa mort, il a la possibilité de revenir sur terre en devenant un ninja Onshin, doté d’une puissance phénoménale. Il devra, avec sa lame, se venger de ceux qui ont porté atteinte à sa vie.
Cependant, sept guerriers de l’ombre font leur apparition. Ce sont les sept lames d’Efu, les Ninjas Onshin !
Le premier tome nous plonge directement dans un univers très sombre, où la violence est le mot d’ordre et le chaos règne en maître. L’histoire prend place au Japon en 1615 et Leyasu Tokugawa prend le pouvoir par la force en assassinant Hideyori Toyotomi et en envoyant une milice traquer des membres du clan de son ancien rival. On suit donc au début du volume Kaizô et Iori faisant la connaissance de Kakugo qui fait partie du clan Hagakure. Ce dernier les accueille au sein de son village.
Malheureusement, la milice les retrouve très vite et de là une succession d’événements mèneront à la destruction pure et simple de l’ensemble du village et au génocide de ses habitants. Kakugo, parti en voyage pour ramener de la nourriture ne pourra que constater la disparition des siens. Il se lance alors à la recherche d’Iori pour qui il a eu un coup de foudre. La jeune fille a été faite prisonnière et se retrouve dans une situation des plus complexe, assistant au meurtre de son acolyte Kaizô. Notre héros arrive malgré tout à temps pour se battre et sauver sa dulcinée, en utilisant un pouvoir peu commun, celui des ninjas… Mais pas les ninjas que nous connaissons.
Le manga était plus ou moins assez réaliste jusque là, mais dès lors, il prend une tout autre tournure. Alors que notre héros vient de se faire découper en rondelle, il revient à la vie, vêtu d’une armure étrange. Cette dernière pourrait bien être inspirée des armures que portent les héros de Garo Project, ensemble de séries datant de 2005. On peut imaginer que le fil rouge de l’histoire se fera autour de nos deux jeunes héros en quête de vengeance contre Ieyasu.
La deuxième partie du tome se concentre sur Ren, un personnage présenté comme un mastodonte, une force de la nature, qui rappellera aux plus vieux d’entre vous Ken de Hokuto no Ken (la ressemblance va jusqu’aux noms). Cependant, notre colosse est loin du héros au cœur tendre de Tetsuo Hara. Violent et cruel, il tombe pourtant amoureux de Ginko, une prostituée qui s’avère être bien plus que cela. La fille publique est soupçonnée de porter l’enfant d’Hideyori, un potentiel héritier légitime au trône ! Elle aussi traquée par la milice de Tokugawa, la belle sait se défendre et cache bien son jeu.
Vous l’aurez compris, beaucoup de personnages sont introduits dès le premier tome de la série, avec souvent des noms à rallonge. Ajoutez à ça le contexte historique et vous obtenez un volume qui peut vite devenir indigeste ou compliqué à suivre. Il faudra certainement encore quelques chapitres pour s’y faire. Malgré tout, l’univers est prenant et on se prête au jeu. Attention cependant, ce n’est pas un manga à mettre entre toutes les mains, car d’une violence extrême et contenant des scènes à caractère sexuel, mais cela participe à la dureté et au réalisme de l’œuvre, encrée dans une période où le sang coulait à flot. Et du sang, vous allez en avoir dans Les 7 Ninjas d’Efu.
Au niveau du dessin, l’auteur a un style bien propre à lui, un mix entre Kingdom, Berserk et L’Habitant de l’infini ce qui est plutôt un compliment tant les mangas cités sont prestigieux. Le découpage des planches est efficace et le dynamisme des cases tiendra en haleine le lecteur. Le chara-design est aussi intéressant, l’auteur utilise la même technique que le mangaka de Kingdom, en donnant un aspect assez juvénile au héros pour que le jeune garçon puisse s’identifier, tout en lui mettant face à des guerriers bien plus imposants qui montre leur force et leur importance, c’est un code visuel efficace et bienvenu dans une œuvre déjà complexe.
Ce premier volume nous présente un univers sanglant, des personnages tourmentés. Mais vers où nous mèneront la suite des aventures de Kakugo et Iori ? Qu’adviendra-t-il de Ginko ? Nous vous en parlerons très vite avec la critique du deuxième tome. Nous vous rappelons que les 4 premiers tomes sont disponibles aux éditions Meian.