Les liens du sang est un manga écrit et dessiné par Shûzô Oshimi, publié en France depuis avril 2019, aux éditions Ki-Oon. Connu pour des œuvres telles que Happiness ou Les Fleurs Du Mal, cet auteur nous propose d’explorer les extrêmes de l’âme humaine à travers ses mangas et celui-ci ne déroge pas à la règle. Le sixième tome dont nous allons parler aujourd’hui est sorti le 19 mars 2020.
Le rapport fusionnel d’une mère avec son fils, le nouveau récit de relation dysfonctionnelle de Shuzo Oshimi ! Seiichi a désobéi à sa mère pour se réfugier chez sa petite amie, mais Seiko le poursuit jusque là-bas. Caché sur le balcon, l’adolescent la voit s’effondrer, incapable d’accepter la trahison de son fils… Les amoureux passent alors la nuit ensemble, avant d’être découverts et de s’enfuir tous les deux sous une pluie battante. Ils s’embrassent quand Seiichi est stoppé par des souvenirs de sa mère… Abandonnant Yuiko sous le pont où ils s’étaient abrités, le voilà qui retourne dans les bras de Seiko ! Le choix est fait… il ne reste qu’à vivre avec.
Ce sixième volume se concentre de nouveau sur la relation entre Seiichi et sa mère suite à leur conflit à cause de la relation que notre héros a eu avec sa petite amie. Ici, la mère va donner un semblant de répit à Seiichi en le récupérant et le ramenant à la maison, un moment d’amour entre une mère et son fils qu’elle retrouve.
Cependant, ce bonheur ne sera que de courte duré. En effet, quand la maman découvre les traces d’éjaculation dans le caleçon de son fils, elle comprend que ce dernier a eu une relation charnelle avec Yuiko. Ne le supportant pas et désireuse de garder son fils pour elle toute seule, elle décide de le faire culpabiliser, de le mettre dos au mur en dévoilant tout ce qu’il a bien pu faire depuis qu’il est parti. La relation des deux personnages est d’une toxicité sans pareil. Folle de rage, elle ne laisse aucun répit à son jeune fils qui découvre son corps d’adolescent. C’est d’ailleurs une thématique que l’auteur aime beaucoup explorer dans ses mangas.
Oshimi fait très fort avec Les liens du sang, pour renforcer le malaise et les émotions des personnages il ne fait que très peu de case dans une seule planche et privilégie les gros plans détaillés sur les visages de nos deux protagonistes. On remarque dans ce tome que les deux personnages sont quasiment les seuls présents de tout le bouquin, renforçant ce sentiment de solitude, comme si les deux étaient seuls au monde. L’auteur use également des trames et du noir et blanc pour changer l’ambiance d’une scène et n’hésite pas à inverser les couleurs pour appuyer le danger autour de Seiichi, danger que dégage sa mère tant son amour devient pesant.
Il est également intéressant de voir que l’auteur fait enfin la connexion avec le drame qui a commencé l’histoire au tome 1, la chute de Shige provoqué par la mère de Seiichi. C’est à partir de ce moment que la rupture entre la mère et le fils a commencé. Alors que dans le premier tome, on voit très clairement la mère pousser le jeune garçon du haut de la falaise, ce tome-ci nous remets en doute cette vision de la scène, piégeant le lecteur de la même manière que Seiichi qui ne sait plus en quoi croire. Sans vous en dire plus, la fin de ce tome nous remets en avant cette intrigue.
Nous pouvons également constater le contraste entre la couverture du volume et son contenu. Car si sur le tome, on y voit un jeune garçon entouré de ses amis et camarades, il n’a en réalité jamais été si seul avec le démon que représente sa mère.
Un sixième tome des Liens du sang qu’on peut donc qualifier d’éprouvant par bien des aspects, l’amour d’une génitrice pour sa progéniture poussé à son paroxysme, une sorte de complexe d’œdipe inversé où une relation toxique s’est installée et dont le jeune garçon a bien du mal de s’extirper. C’est une série coup de cœur de la Team et nous avons hâte de découvrir le septième volume le 13 août 2020 chez Ki-oon.