Beastars est un manga de Paru Itagaki paru en France chez Ki-oon. Séance de rattrapage pour nous avec la lecture du tome 9 et 10 sachant quand le onzième est même déjà disponible dans nos librairies et nous vous en parleront en temps et en heure.
Pour interrompre sa scolarité, Louis doit obtenir l’accord de son père adoptif. Étrangement, l’homme d’affaires ne lui fait pas obstacle et se contente de modifier un peu les termes du document… Le jeune cerf peut donc prendre la tête du terrible gang des Lions, tournant le dos au monde dans lequel il a vécu pendant des années. De son côté, Legoshi se rend compte au cours d’un duel amical qu’il n’a plus aucune puissance dans les mâchoires ! C’est qu’il a cessé de se battre comme un carnivore, avec ses crocs, pour concentrer sa force dans ses pattes. Ce n’est plus qu’une question de temps avant que l’assassin de Tem soit débusqué… et peut-être que le loup aura une chance de l’emporter, à présent !
Le neuvième tome commence sur les chapeaux de roue avec la dualité entre carnivores et herbivores, l’un des thèmes principaux de Beastars comme vous le savez bien. Ici un carni arrache le bras d’un herbi sans faire exprès, car ne maitrisant sa force. Panique générale à Cherrytown. Bonne nouvelle, ce genre d’événement arrive fréquemment dans le monde de Beastars et un bras peut se recoller assez facilement.
La décision de transformer Cherrytown en école non mixte entre carni et herbi a soudainement été prise pour éviter d’autres bavures, mais cela signifierait également la fin des clubs comme celui du théâtre et ça, les élèves ont décidé de ne pas accepter cela. Un élan de solidarités entre les espèces a donc vu le jour et cela donne de l’espoir quant au futur de Beastars qui traite bien évidemment du racisme et de la discrimination.
Legoshi, lui, rencontre de nouveau l’assassin de Tem qui se trouve être un ours du nom de Rizu, un animal d’une puissance supérieure à celle de notre loup, lui qui est déjà parmi les espèces les plus fortes existantes. La tension monte entre les deux personnages et notre héros se rend compte qu’il n’est pas de taille face à ce titan. C’est alors que Pina, entendant leur altercation, décide d’intervenir et sauve Legoshi. Les deux personnages vont désormais coopérer pour faire face à Rizu.
Le passé et la famille de Legoshi se dévoilent également peu à peu dans ses tomes. On apprend que la mère de Legoshi s’est suicidée quand il était enfant, sans connaitre pour autant la raison, l’auteur nous réservant surement quelque chose à ce sujet. Il appelle aussi son grand-père avec qui il a grandi. Cela fait des années qu’il ne lui avait pas passé un coup de téléphone et cela donne lieu à une scène poignante, où nous pouvons deviner la honte de Legoshi sur son visage. On découvre aussi dans le tome 10 que son grand-père est en fait un dragon de komodo qui a eu un enfant avec une louve. Notre héros est donc métis, une décision scénaristique qui n’a rien d’un hasard, car elle ouvre la porte à de nombreuses thématiques. On ne sait pas encore comment ces derniers sont traités dans la société de Beastars, d’autant que Legoshi est lui-même amoureux d’une lapine.
Notre loup préféré continue son entraînement auprès de Gôhin le panda dans le quartier du marché noir et fini par rencontrer Louis à la tête du gang des lions. Par chance le gang ne reconnait pas Legoshi avec ses poils courts, Louis laisse croire que c’est également le cas, mais le lecteur comprend aisément que le cerf a très bien reconnu son ancien camarade de classe. Les rôles se sont définitivement inversés entre les deux personnages. Maintenant, c’est Louis qui veut changer le système dans l’ombre alors que Legoshi est dans la lumière. Leur dualité est de plus en plus passionnante, car on ressent quand même l’estime que l’un a pour l’autre. Notre chef du gang des lions rêve toujours de Haru, qu’il aime encore…
Nous aimerions nous arrêter sur un chapitre extrêmement intéressant où Legoshi mange un insecte pour substituer à la viande et lui redonner un peu de force en prévision de son combat face à Rizu. Dans ce chapitre, notre héros apprend l’humilité et ce qu’est la vie. Son existence vaut elle plus que celle d’un insecte juste parce qu’il n’a pas de conscience et se contente d’exister ? Une vie vaut-elle plus qu’une autre ?
Chose très intéressante abordée par Itagaki, au marché noir, même des carni peuvent servir a nourrir d’autres carni. Peut-on parler de cannibalisme ? Où sont les limites ? La barrière entre les espèces est plus floue que jamais… Car dans le tome 10, un caïman vend une partie de lui pour fabriquer un médicament pour un riche herbi. Inversion des rapports de forces entre les espèces, car dans le monde de Beastars, même l’argent joue un rôle prépondérant, à mettre bien évidemment en parallèle avec notre monde où même un faible riche sera supérieur à un fort pauvre.
Mais Paru Itagaki décide également de développer Rizu, l’ours qui a mangé Tem. On apprend que les ours sont si forts de nature qu’ils sont obligés de se droguer pour contenir leur puissance, mais les effets secondaires sont aussi puissants et donne des douleurs de tête à celui qui en prend. Le lecteur peut donc avoir de l’empathie pour le personnage qui pour l’instant avait tout pour être détestable, car il est en réalité lui aussi une victime du système mis en place, système que désire changer Louis depuis le début.
Notre canidé au grand cœur préfère affronter l’ours plutôt que de l’abandonner à son sort. Les deux finissent par se donner rendez-vous le 31 décembre sous un pont pour un duel à mort. Legoshi invite Louis à être témoin de sa propre mort. Le suspens est à son comble à la fin du dixième tome de Beastars et nous avons plus que hâte de dévorer le tome 11 déjà paru chez Ki-oon.