Ça reste entre nous ! est un shōjo en trois volumes de la talentueuse Haru Aoi, paru au Japon en 2018. Édité chez Kana, le second volume est disponible en librairie depuis le 23 octobre dernier.
Afin de vérifier si les garçons sont dignes de confiance, Towako a pris la décision d’évoluer aux côtés de Yui de sa propre volonté, sans se cacher derrière les préceptes de sa mère. Sans lien avec sa résolution de braver de nouveaux interdits avec Yui, Towako se fait kidnapper par une bande de jeunes délinquants. Va t-elle réussir à s’en tirer ? Que fait Yui pendant ce temps là ?
Le premier tome nous présentait la jeune Towako, lycéenne, jolie, bonne élève, présidente du Conseil des élèves… qui déteste les garçons ! Sa mère lui a sans cesse répéter de s’éloigner de la menace qu’ils représentent, ce qui a poussé la jeune fille à entretenir un journal secret sous une plume extrêmement ambiguë dans lequel elle écrit l’ensemble des choses qu’elle aimerait expérimenter avec son futur petit ami. Cependant, ce journal est tombé entre les mains du jeune et intrépide Yui qui décide de s’amuser avec l’innocence de notre petite Towako. Ce sera difficile pour la jeune fille de distinguer le jeu des sentiments qu’elle ressent pour le jeune homme… Tout serait plus simple si quelqu’un n’essayait pas de se venger de Towako !
Le tome 2 reprend exactement au cœur de ces interrogations. Un jeune garçon du nom de Nakajima, membre du Conseil des élèves, attire Towako dans un piège dans le simple but de ternir à son impeccable réputation. Son piège tournera vite au cauchemar lorsque les délinquants du lycée interviendront pour eux aussi avoir leur moment de gloire. Alors que Towako est au bord du désespoir, le sujet de ses pensées vient pour la sauver : encore une fois, ses sentiments seront confus, mais elle ne peut plus rester très loin de Yui. Elle accepte alors de participer à un tutorat collectif pour passer du temps avec lui, mais cette session est loin de se passer comme elle l’aurait espérée : elle est d’abord menacée par une des étudiantes de ne pas tomber amoureuse de Yui, puis, quelque peu déroutée par la conversation avec une de ses camarades, elle tombe (littéralement) sur Makoto devant tout le monde, mettant ainsi Yui en colère ! La jeune femme ne sera pas au bout de ses surprises, surtout quand Yui lui proposera d’aller encore plus loin dans leur petit jeu… Le cœur de la jeune femme s’en sortira-t-il indemne ?
Ce deuxième tome nous offre une nouvelle fois une lecture légère et romantique : tous les codes du shōjo y sont bien exploités et parviennent à nous faire frissonner. C’est en combinant ces codes et élément scénaristiques que le mangaka parvient à fidéliser notre lecture en ajoutant une bonne dose de mystère à son œuvre. C’est ainsi qu’elle nous suggère une scène très intime entre les deux protagonistes, cependant, rien n’est avéré quant à la réalisation ou non de ce à quoi nous pensions : cette narration suggestive invite à nous questionner quant à la relation entre les deux personnages et vient encore plus appuyer le questionnement interne de la jeune fille, à savoir si pour Yui, tout ceci n’est qu’un jeu.
De plus, la fin du tome, assez prévisible, fait part d’une bonne dose de remises en question de la part de la protagoniste, ce qui tombe à pic puisque la série se termine au tome prochain : Towako, qui parvient à déclarer en partie sa flamme, se demande si sa mère n’avait pas raison en lui disant de ne pas faire confiance aux garçons, et si ses sentiments ne devraient pas être enfouis. Bien que nous savions que Towako était amoureuse de Yui (puisqu’elle vient même à l’avouer à demi-mot à Makoto lorsque celui-ci la confronte à ce sujet), l’issue quant aux sentiments de Yui demeure en réalité incertaine : bien que les plus romantiques d’entre nous aimeraient que ces sentiments soient réciproques, surtout pour le bien de Towako, il n’est pas exclu que l’auteure nous réserve bien des surprises au prochain tome…
Encore une fois, ce tome présente de magnifiques planches qui rappellent totalement les codes du shōjo : des trames donnant un effet de lumière, des doubles pages aux contours très voluptueux, des plans rapprochés sur les visages de nos protagonistes. C’est un tome visuellement très attractif qui est loin de nous décevoir !
En somme, « Ça reste entre nous » est un shōjo au scénario léger qui, à le lire de la sorte, offre une splendide immersion scénaristique : le questionnement dualiste de Towako est parfaitement transposable à tout lecteur ayant eu ou devant encore s’interroger sur ces points. Avec une identification opportune avec le personnage principal, ce shōjo ne nous déçoit pas : l’attente jusqu’au tome 3 risque d’être difficile, nous en attendons donc beaucoup de l’auteur !