« Pour le Pire » est un seinen de Taro Nogizaka. Toujours en cours depuis 2019 avec 4 tomes parus au Japon, le manga attendu a fait son arrivée chez Glénat le 17 mars dernier !
« Employé au service de l’aide sociale à l’enfance et toujours célibataire à trente ans passés, Arata Natsume n’a jamais envisagé de se marier. Mais un jour, Takuto, un des enfants qu’il suit, lui demande de rencontrer à sa place Shinju Shinagawa, la condamnée à mort qui a tué son père. Afin d’éloigner Takuto de ce danger, Arata accepte de se rendre seul au centre de détention de Tokyo interroger « Bozo Shinagawa », tueuse en série de vingt et un ans... »
Arata Natsume est un trentenaire au caractère bien trempé. Travaillant auprès de l’aide sociale à l’enfance, cet homme veut à tout prix protéger les enfants victimes. C’est ainsi qu’il accepte une mission très particulière. Alors qu’il se questionne sur son futur professionnel, Takuto, un garçon qu’il suit, lui fait une demande insolite. En effet, le jeune garçon a perdu son père des mains de l’effroyable Shinju « Bozo » Shinagawa, laquelle a dépecé son corps. Pour ses crimes sordides, la jeune femme est condamnée à mort. Dans l’incapacité de faire son deuil, Takuto entretient une relation épistolaire avec Shinju afin de découvrir où elle a caché la tête de son père !
D’abord en colère, Arata accepte de rencontrer Shinju à la place de Takuto. Son but est simple : manipuler la jeune tueuse en série afin qu’elle livre ses secrets ! Mais la tâche s’annonce bien plus rude que prévue : Shinju ne correspond pas à la description que les médias peignent. Bien plus intelligente qu’imaginée, Shinju ne se laisse pas troubler. La rencontre entre les deux est électrique, comparable à une partie de poker. Bien déterminé à découvrir la vérité, Arata joue une carte très risquée : il demande Shinju en mariage !
La demande d’Arata secoue les troupes. Manifestement intriguée, Shinju décide d’envoyer Miyamae, son avocat, enquêter sur Arata. Tous deux s’entretiennent hors des murs carcéraux dans une conversation riche. Comme le souligne Miyamae, un décalage existe entre Shinju et « Bozo ». Par conséquent, le jeune avocat conclut à l’innocence de sa cliente ! Convaincu de la bonne foi d’Arata, il lui demande de lui prêter main forte. Bien qu’Arata refuse de croire en son innocence, une étonnante déclaration de Shinju vient troubler ses pensées… Derrière les barreaux, est-ce bien la vraie Shinju Shinagawa ? Malgré lui, Arata a pour nouvelle mission de découvrir la vérité !
Le trailer de ce manga était déjà intriguant, mais sa lecture est encore plus dévorante ! Avec une histoire aussi sombre qu’entraînante et un trait singulier, Taro Nogizaka nous offre un thriller psychologique unique et envoûtant.
Ce thriller fait preuve d’une grande originalité en mettant en scène une tueuse en série dans un cadre matrimonial. Ce cadre apporte une certaine légèreté au scénario qui explore la noirceur des comportements humains. La balance des intérêts antinomiques en présence, à savoir, la promesse faite par Arata à Takuto et sa collaboration malencontreuse avec Miyamae, est véritablement perçante. Arata se retrouve piégé et ce à cause de sa propre idée de mariage ! C’est assez drôle de le voir lui aussi condamné à une sentence aussi fatale à ses yeux que la mort. C’est très entraînant !
De plus, le rythme de lecture est bercé par de multiples rebondissements tous très cohérents et limpides. Dans le même temps, l’auteur laisse transparaître quelques brèches de la personnalité de Shinju, dans des scènes à la fois courtes et éloquentes. Ainsi, le lecteur est immergé dans cet univers et est amené lui aussi à se questionner sur ce personnage bien extravagant. De ce point de vue, l’auteur a créé un personnage très réaliste. En effet, le comportement de Shinju au parloir correspond à celui des vrais tueurs en série dans le couloir de la mort. La propension de ces derniers à avouer des choses, à susciter la curiosité, tout est bien représenté. C’est très plaisant de lire un thriller documenté et recherché !
La lecture est donc très fluide grâce à cette intrigue accrocheuse. La question de savoir si Shinju est bel et bien « Bozo Shinagawa » est pertinente et mordante. Arata s’interroge aussi sur la question, ce qui annonce une suite aussi riche que ce début ! L’auteur corrobore son propos par un trait singulier. De prime abord repoussants, les dessins sont réalistes et très nuancés. Taro Nogizaki joue sur les ombres et les expressions faciales, ce qui est parfait pour le genre.
En bref, le premier tome de « Pour le pire » répond parfaitement à nos attentes. Dès le début, le lecteur parvient à s’interroger sur ce qui l’entoure sans pour autant avoir trop d’indices pour deviner la suite. Il faut attendre le 5 mai prochain pour en savoir plus sur la fameuse Shinju Shinagawa, toujours chez Glénat !