L’École Emportée est le seinen culte de Kazuo Umezu. La série paraît en 1972 au Japon et compte 6 tomes. En France, après l’édition Bunko parue chez Glénat, la maison d’édition revient cette année avec une nouvelle édition dite « originale ». Le premier tome est disponible depuis le 7 juillet dernier.
« Brutalement, une école primaire et tous ses occupants se retrouvent mystérieusement projetés dans un monde désertique dépourvu de vie, aux brumes obscures et à l’horizon noir. Complètement dépassés par la situation, les adultes chargés de la protection des enfants se révèlent incapables d’assumer leur rôle… Désemparés et à court de repères, les enfants parviendront-ils à survivre à ces angoissantes circonstances ? »
Sho est un jeune garçon entêté à l’école primaire Yamato. Alors qu’il se rend à l’école suite à une lourde dispute avec sa mère, notre héros est loin d’imaginer l’horreur qui l’attend. En effet, l’école disparaît subitement, emportant mystérieusement l’ensemble des élèves avec elle ! Les élèves découvrent autour d’eux un monde isolé et complètement vide, loin du confort qu’ils connaissaient. La panique s’installe, ce qui n’est pas pour plaire aux professeurs qui se révèlent être de véritables monstres…
De nombreux problèmes se posent, mais le plus pressant reste la nourriture. En effet, Sho comprend qu’il est primordial d’organiser des rations de nourriture afin de survivre le plus longtemps possible. Cependant, le responsable de la cantine s’avère être un ennemi redoutable peu enclin à partager ses repas. Les élèves pourront-ils s’en sortir ?
En plus de ce problème, Sho fait une découverte étonnante. Alors qu’il rencontre un petit garçon à vélo dans ce nouveau monde chaotique, il découvre une pancarte enfouie dans le sable qui semble prédire leur avenir… Mais où ont-ils atterri ? Peuvent-ils échapper à leur destin ?
L’École emportée est un classique encore injustement connu en France. Ce seinen d’horreur précurseur ouvre le pas à de nombreux autres auteurs tel que Minetaro Mochizuki ou encore Junji Ito. C’est pourquoi sa lecture est on ne peut plus riche.
L’auteur présente un scénario minutieusement pensé et profondément déroutant. En effet, son choix de mettre en scène des enfants aussi jeunes dans un monde apocalyptique est audacieux et on ne peut plus créateur d’horreur. De plus, l’auteur inverse les rôles en faisant des enfants des êtres responsables et organisés, à la différence des adultes qui se laissent guider par leurs mauvaises passions. C’est pourquoi à de multiples points de vue, ce premier tome est une perle à analyser. Entre violences physiques et émotionnelles et découvertes accablantes, l’univers crée par Umezu est pire que l’enfer. Pour tous les férus de seinen et plus particulièrement d’horreur, c’est une réussite !
De plus, le trait de l’auteur est très satisfaisant. Bien que ce dernier soit plutôt ancien, le visuel de manga vieillit bien et reste parfaitement à propos. Les doubles pages tendant à présenter cet univers et l’horreur qui entoure les enfants sont toutes très éloquentes.
Cependant, la nouvelle édition proposée par Glénat ne répond pas totalement à nos attentes. Bien que l’édition Bunko ne conquit pas la majorité du fait de son format, son esthétique reste bien meilleure à la nouvelle édition dite « originale ». En effet, les couvertures de l’édition Bunko sont plus colorées, accrocheuses et laissent au lecteur le soin d’imaginer le pire. Le format de la nouvelle édition permet certes une meilleure lisibilité, mais pour une édition dite originale, nous nous attendions à un tome de meilleure qualité. Néanmoins, ce bémol n’empêche pas d’apprécier ce manga culte et toujours plaisant à lire.
En bref, L’École emportée est un impératif de toute bibliothèque de férus de seinen et d’horreur. Le genre se démocratisant de plus en plus, il est temps pour les plus sceptiques et les plus curieux de se procurer cette perle de la culture manga. Le deuxième tome de cette nouvelle édition sera disponible le 15 septembre 2021, toujours chez Glénat !