Joker sort aujourd’hui dans les salles mais nous avons eu la chance de le voir en avant-première, on en profite donc pour vous donner notre avis. Ne vous inquiétez pas, nous tacherons de ne pas vous spoil.
Ce film réalisé par Todd Phillips sort des sentiers battus des films adaptés de comics. En effet on a plutôt affaire à une analyse de personnage qu’à un film de super vilain classique. Véritable origin story glaçante et réaliste mais cependant incertaine, on y suit l’histoire misérable d’Arthur Fleck dans sa descente aux enfers, de clown de rue à tueur psychotique.
Un film de comics peu commun
Pour éviter toute déception, vous devez être au courant que ce n’est pas un film d’action ou de super-héros classique. On est face à un drame, dénonçant des problèmes sociaux qui aboutissent à l’avènement d’un personnage complexe comme le Joker. Il y est très humain, alors que ses ténèbres prennent petit à petit possession de lui.
Joker a de nombreuses qualités, parmi elles on peut citer celle de ne pas être tombé dans la facilité en faisant du Joker un antihéros. Arthur Fleck est présenté comme un homme sombrant peu à peu dans la folie et dont le statut de monstre est totalement assumé. Ses actions sont présentées aux spectateurs comme des explications quant aux changements du personnage, mais ne sont jamais excusées.
Joaquin Phoenix et le Joker
Pour ce rôle Joaquin Phoenix a subi une véritable transformation physique, avec une perte de poids extrême, afin de nous délivrer l’une des meilleures prestations de l’année, déjà dans les discussions pour un Oscar.
Ayant étudié le comportement des gens atteints de maladies mentales, Phoenix joue son personnage presque à la perfection nous faisant ressentir des émotions contradictoires, allant du dégoût jusqu’à la compassion pour le criminel de Gotham.
La performance de Joaquin Phoenix pose légitimement la question de qui incarne le mieux le personnage entre lui et feu Heath Ledger. Pour nous, les deux remplissent parfaitement leur rôle, tout de même très différents, mais on apprécie de voir quelqu’un reprendre le flambeau.
Un respect de l’œuvre et du personnage
Ce film met en scène un Gotham d’époque fin 1970, début 1980, qui nous rappelle le New York de Taxi Driver, ou les films de Scorsese.
La musique, composée par l’Islandaise Hildur Guðnadóttir propose un accompagnement léger et paradoxalement pesant. Elle colle parfaitement à l’ambiance malsaine et déséquilibrée de la ville et du film.
Le film prend le temps de développer son protagoniste. On sème des indices un peu partout quant aux nombreux rebondissements de l’histoire, sans trop en faire. Le spectateur est constamment surpris, et doute de tout ce qui a pu être montré depuis le début. Le film nous plonge dans un flou permanent autour du personnage du Joker, que ce soit concernant ses ambitions ou ses origines. Là où le Joker de Nolan n’était qu’un criminel, ici nous en avons un plus « artiste », obnubilé par l’art du spectacle.
Que les fans de DC effrayés d’une origin story complète et irréfutable soit rassurés. Le Joker est un personnage qui brille par l’absence d’informations à son sujet, et Todd Phillips l’a bien compris. Cette histoire est propre à Arthur Fleck et ne dénature en rien l’essence du clown tueur. On en ressort avec plus de questions que de réponses.
Ultraviolence ?
La violence est évidemment présente dans le film. Elle y est très visuelle et réaliste, bien que teintée d’ironie et d’un humour noir propre au Joker. Rien de très choquant à moins d’être très sensible. Cependant le film ne tombe pas dans la glorification ou la justification. La révolte sociale présente dans l’histoire n’utilise que la violence naturellement présente dans notre société et la pousse à l’extrême. On y trouve la quintessence du personnage du Joker et de la fascination qu’il procure.
Le film sort en salle ce mercredi 9 octobre et nous ne pouvons que vous conseiller d’aller le voir.