Shadows House est un manga écrit par So-ma-to, auteur dont le mystère entoure ses œuvres. Sorti en 2018 et toujours en cours au Japon, 4 volumes sont disponibles. En France, les deux premiers tomes de la série sortent le 17 juin 2020 aux éditions Glénat. Notre avis sur le tome 1 est disponible ici.
Dans l’étrange manoir coupé du monde des Shadow, les événements déconcertants continuent de se succéder. Tandis qu’elle cherche à se familiariser avec cet univers encore inconnu, la “poupée vivante” Emilico doit se préparer pour le jour de l’Exhibition. Elle n’a que peu de temps pour troquer sa maladresse contre un peu d’élégance afin de convaincre la famille Shadow. Car l’échec n’est pas une option quand on est remplaçable.
Le premier tome de la prometteuse série Shadows House nous laissait, en plus d’un somptueux monologue de la part de Kate Shadow, sur une houleuse confrontation entre Mia et sa maîtresse Sarah et notre duo préféré avant le grand jour de l’Exhibition, où toutes les poupées vivantes, accompagnées de leurs Maîtres et Maîtresses, devront leur offrir un visage, tel un miroir, pour fêter leur passage à l’âge adulte.
Avant cet événement attendu de tous, mais redouté par certains, Emilico doit encore en apprendre beaucoup sur le Manoir et sur sa manière de se comporter en tant que miroir de Kate. Heureusement pour elle, elle peut compter sur ses amies rencontrées précédemment : Rosemarie, Lou… et Mia ? Alors que les deux jeunes filles s’étaient croisées en compagnie de leurs Maîtresses respectives, laissant une Emilico déconcertée, il s’avèrerait que Mia ne faisait que jouer son rôle, conformément au strict règlement imposé par la Maison. Emilico en profite pour questionner Mia à propos d’un personnage mystérieux dont la dignité semble être protégée : l’Illustre Aïeul. Notre héroïne n’aura pas le temps de rassasier son insatiable curiosité (et la nôtre par la même occasion) que les poupées vivantes devront faire face à une grande menace : celle d’un revenant, des restes de suie récalcitrants. Celui-ci se montrera encore plus dangereux qu’estimé puisqu’il prendra possession de Rosemarie…
La témérité et la dévotion d’Emilico se font voir à l’issue de cet incident, ce qui la distingue auprès des autres poupées vivantes lors de la réunion organisée par la Porte-Etoile Barbie, terrifiant personnage cherchant à trouver le responsable derrière l’apparition de l’agrégat. Alors que la Porte-Etoile en profite pour pointer du doigt deux « poupées défaillantes », Lum et Shawn, notre petite tête blonde ne peut pas cacher son mécontentement et se retrouve à veiller toutes les nuits, à errer dans le manoir à leurs côtés afin de trouver des réponses. La mission s’avère difficile, surtout à l’approche de l’Exhibition, jour fondamental pour lequel Kate et Emilico doivent se préparer ensemble…
Cependant, le nouveau trio recevra une aide précieuse d’un Shadow inconnu, qui leur demandera de préserver le secret de leur rencontre. Grâce à cette aide, le mystère de l’apparition de l’agrégat sera en partie résolu, puisqu’en effet, Emilico, après avoir observé les talents de sa Maîtresse, aura des doutes quant à la sincérité de ses hôtes. Ces « pensées inutiles » devront vite être oubliées, puisqu’il est contraire au règlement pour une poupée vivante d’en avoir, surtout en période d’Exhibition. À l’arrivée du grand jour, il semblerait qu’Emilico soit une nouvelle fois distraite par le talent de ses collègues, ce qui fera douter les candidats de son amour pour Kate… et ce qui poussera la Maîtresse des Shadows a mener la danse.
Une nouvelle fois, ce tome de Shadows House démontre une prouesse aussi poétique qu’intrigante de la part de so-ma-to. La cohérence soulevée dans le premier tome est démontrée de nouveau, notamment avec le mystère de l’agrégat géant qui, après avoir pris possession de Rosemarie, lui donne le « mal de suie ». Cette idée est aussi ingénieuse qu’elle est corroborée scientifiquement par la définition chimique de la suie : cette combustion incomplète de matières, formée de biomasse et d’hydrocarbures fossiles, est en réalité toxique et est donc un vecteur de contamination, ce qui est arrivé à notre chère Rosemarie ! Le diable se cache dans les détails, et c’est ce genre d’attentions qui donnent à l’œuvre toute son intelligence.
Mille et une questions se bousculent à chaque chapitre et ne demandent qu’à être répondues. Au-delà de ces considérations scientifiques et de la cohérence du fil directeur tout au long de ces pages, il faut bien admettre que ce Manoir se montre de plus en plus lugubre. Les mystères de ce dernier, notamment lié à la suie, semblent être étudiés par Kate, sûrement piquée par la curiosité d’Emilico et ses talents nouvellement découverts : elle peut contrôler la suie ! Donc si ceci est possible, vous l’aurez compris, quelqu’un peut peut-être contrôler les agrégats, voire pire… Ce tome se finit une nouvelle fois sur un monologue notre Ombre maître préférée, ce qui nous permet d’entrer au plus proche de ses pensées et mieux découvrir le visage de cet énigmatique personnage. Au final, elle ne semble pas si différente d’Emilico : Kate se montre très avenante, patiente et attentive, elle aime sa poupée pour sa naturelle candeur, bien que cette dernière ait causé quelques désagréments en ce jour si important. Alors que Kate désire partager ses découvertes avec Emilico (enfin !), il nous faudra attendre le tome 3 prévu pour le 2 octobre 2020 chez Glénat pour lever le voile sur une partie des ombres de ce Manoir !