Toutes les bonnes choses ont une fin, les aventures du maître et icône du kung-fu viennent se clôturer de manière poignante dans ce quatrième et dernier opus d’Ip Man.
Tout comme dans les films précédents, on retrouve une nouvelle fois Wilson Yip à la réalisation accompagné de Donnie Yen qui reprend son fameux rôle. Son personnage est désormais seul responsable de l’éducation de son fils et Ip peine à créer une connexion avec ce dernier qui lui oppose un caractère rebelle typique de l’adolescence. Suite à la décision de son école de l’exclure, Ip Man envisage de l’envoyer dans un nouvel établissement à l’étranger et part donc pour les États-Unis.
Une fois sur place on y découvre que son élève, Bruce Lee (interprété par Danny Chan) a mis en colère l‘Association Bénévole Chinoise présent sur place, en ouvrant sa propre école de kung-fu et en acceptant des élèves non-chinois. Cette association s’occupe des affaires liées aux personnes chinoises et délivre notamment des lettres de recommandations à ceux qui souhaitent s’installer aux États-Unis, notamment afin de trouver une école pour leurs enfants. En décidant de prendre la défense de son élève, Ip se retrouve logiquement dans une situation compliquée. Pendant ce temps, le sergent Wu Hartman, un des élèves de Bruce Lee, veut convaincre les Marines d’intégrer le kung-fu à l’entraînement des nouvelles recrues. C’est cette idée qui servira de point d’ancrage au film et renverra le maître chinois au cœur de l’action.
Comme depuis le premier opus, l’action est un véritable délice pour les yeux. Les chorégraphies de combats sont à la fois fluides et techniques, permettant aux personnages d’asséner une véritable pluie de coups en très peu de temps. Cet effet est encore plus mis en avant à l’aide de gros plans dynamiques et de ralentis sur certains coups, et ce, sans rendre l’action illisible pour le spectateur. Le son aide participe aussi, avec les bruits d’os qui craquent et de coups sur la peau qui claquent, c’est comme si on pouvait ressentir les coups. Donnie Yen impressionne aussi en réussissant à parfaitement retranscrire l’essence de Ip Man à l’écran et de son air calme, froid et concentré lorsqu’il se bat.
Danny Chan n’est lui aussi pas en reste. Ressemblance physique mise de côté, on retrouve bien les coups classiques de la légende Bruce Lee. Son style inspiré de son maître ne manque jamais d’impressionner tout en ajoutant les frissons habituels qui vous parcourent lorsque vous voyez ce type se battre. On assiste à certaines de ses techniques signatures, telles que les pompes sur deux doigts ou encore le coup de poing à 1 pouce de distance (2,54 cm). Ip Man 4 inclut aussi très bien différents maîtres d’autres styles de kung-fu ce qui apporte une diversité plus que bienvenue dans les combats.
Tout comme dans Ip Man 3, on retrouve ici une rencontre culturelle, entre les techniques de combat occidentales et celles orientales, un mélange à l’origine du Jeet Kune Do, l’art martial créé par Bruce Lee. Contrairement à l’opus précédent, le kung-fu ne s’oppose plus à la boxe, cette fois c’est le karaté des Marines, spécialisé pour un usage militaire, qui va se heurter aux techniques de Ip Man.
Ce choc des cultures ne se fait pas qu’à travers les poings, car le dernier film de la saga porte aussi un message politique fort, parlant notamment du racisme et du harcèlement scolaire, à travers des personnages formidablement détestables. De la gosse de riche qui ne supporte pas de perdre sa place de capitaine des pom-pom girl, au capitaine des Marines ouvertement raciste et à l’Association qui veut garder le kung-fu pour les Chinois, le propos est nuancé et ne prend pas le pas sur le reste du long-métrage.
Cependant, sous ses traits de films de combats et ses messages politiques, Ip Man 4 est avant tout une histoire de relations familiales et celle d’un homme se battant pour son fils. Les difficultés d’Ip Man à être une figure paternelle digne de respect pour son fils ajoutent de la vulnérabilité à son personnage, rappelant que tout maître d’arts martiaux qu’il soit, il en reste n’en reste pas moins un humain, avec ses qualités et ses défauts. Des failles qui sont parfaitement retranscrites à l’écran grâce au jeu d’acteur fabuleux de Donnie Yen, notamment avec ses micro-expressions faciales très naturelles et qui en disent long. Son travail sur cette série aura vraiment été formidable.
En conclusion, Ip Man 4 est un superbe film d’action montrant que le cinéma d’action hongkongais a encore de beaux jours devant lui. Loin de rester sur une simple bagarre, le film se transcende à travers le développement des personnages et de leurs émotions. Parfois un peu prévisible, il n’en reste pas moins spectaculaire et on ne saurait se lasser de ces sublimes combats. Le film est déjà disponible dans les cinémas français et on vous encourage vivement à aller le voir !