Les Enfants du Temps est l’adaptation manga du film du même nom, réalisé par le célèbre Makoto Shinkai (Your Name, 5 centimètres par seconde…). Le réalisateur est ici au scénario, accompagné par le trait de Wataru Kubota. Édité en France par Pika, le premier tome est paru le 1 juillet 2020 en librairie.
Hodaka, un jeune lycéen, fugue de son île natale pour tenter sa chance, seul à Tokyo. Sans argent ni emploi, il tente de survivre dans la jungle tokyoïte et trouve un job dans une revue dédiée au paranormal. Sous les pluies incessantes dont la métropole est victime, Hodaka est dépêché pour enquêter sur l’existence d’une “fille-soleil”, capable de dissiper les nuages et d’appeler de ses voeux le soleil. Peu convaincu par cette légende urbaine au début, le garçon va changer d’avis après sa rencontre avec la jeune Hina…
La plume de Makoto Shinkai nous invite à suivre les aventures de Hodaka, jeune adolescent de seize ans qui décide de quitter sa campagne natale pour Tokyo. Malheureusement pour notre héros, ses premiers pas dans la capitale nippone ne se font pas sans embûche. Après un voyage en ferry mouvementé, marqué par la mystérieuse apparition d’un « dragon dans le ciel », le jeune aventurier se fera lyncher par un groupe de personnes en pleine tempête.
Cependant, ses premières expériences ne sont pas que de mauvais augure : le soir même, il fait la rencontre d’une jeune fille dont il n’aura pas le nom, mais qui le marque fortement. Cette première belle rencontre suit celle qu’il a faite plus tôt sur le bateau, celle de Kei, un journaliste qui lui offre un poste de rédacteur et un toit sous lequel vivre. Hodaka semble avoir trouvé le début d’équilibre, mais c’est sans compter sur cette mystérieuse jeune fille dont il recroise le chemin. Dénommée Hina, elle va changer sa vie.
Hina est en réalité dotée d’un pouvoir rare : c’est une « fille soleil » qui, comme son nom l’indique, a le don de faire disparaître le mauvais temps en apportant la lumière. Une capacité qui émerveille Hodaka, qui va jusqu’à convaincre sa nouvelle amie de monter leur entreprise de vente de soleil. Une collaboration professionnelle naît donc de cette nouvelle amitié, de quoi donner à notre héros une bonne raison de rester à Tokyo malgré la solitude. Mais combien de temps cette histoire va-t-elle durer ? Hodaka ne cherche-t-il rien d’autre ?
En plus d’une histoire extrêmement poétique, comme toujours avec Makoto Shinkai, le dessin de Wataru Kobata est brillant et s’associe très bien au scénario. La découpe des planches est très soignée, subtile, intelligente et émouvante. Elle vient parfaitement souligner l’origine cinématographique de l’histoire, ce qui est très fort pour une adaptation papier. Les scènes d’introspection du personnage principal, sur fond noir avec une narration à l’imparfait, détourné de son usage classique, viennent changer tant le rythme que le point de vue de la lecture. On a aussi le droit à de superbes doubles-pages, qui parlent au lecteur, même sans texte. En somme, le dessin est doté d’une sorte d’intelligence émotionnelle qui parvient à partager absolument toutes les émotions et la poésie de cette histoire magique.
Cette adaptation manga du film Les Enfants du Temps est une réussite pour Makoto Shinkai et Wataru Kubota. Le scénario est envoûtant avec l’influence des saisons et l’intervention de diverses légendes à ce sujet. Beaucoup de phénomènes sont cités dans ce tome comme s’ils pré-existaient à l’histoire, tel que « la pluie des animaux », permettant ainsi une immersion directe qui viendrait presque influencer notre réalité. Le personnage principal, Hodaka, n’est pas le plus appréciable et, en réalité, n’a pas à l’être : sa personnalité presque d’anti-héros sur certains points donne encore plus de complexité au scénario et vient, dans le même temps, renforcer le personnage de Hina, cette fille du soleil pleine de vie, mais en même temps très seule.
Au cœur de l’œuvre, sont envisagées les thématiques de la fugue, de la découverte de soi, de l’amour et de l’au-delà, des thèmes qui ne sont pas forcément les plus originaux, mais bien maîtrisés. La fin du premier tome laisse tous les lecteurs n’ayant pas vu le film sur un cliffhanger, avec toujours une coupure de planche extrêmement significative et « cinématographique ». L’attente jusqu’au 7 octobre prochain risque d’être longue. Pour ceux plus sensibles à la lecture qu’au visionnage d’un film, cette adaptation est un incontournable à ne vraiment pas louper !