Jizo est un roman graphique franco-japonais de la dessinatrice Mato et du scénariste Mr Tan que l’on connaît pour différents livres pour enfants. Paru le 21 octobre dernier chez Glénat, ce one-shot s’annonce comme un titre fort de cette fin d’année.
Aki ne retrouve plus le chemin pour rentrer chez lui. Tout le monde semble indifférent à cet enfant perdu. Tout… sauf Jizo, un étrange garçon sorti de nulle-part. Est-ce un enfant des rues ? Va-t-il vraiment le ramener chez lui ? A-t-il raison de le suivre dans le temps où il l’emmène ? Malgré son grand sourire, Aki peine à faire confiance à son nouvel ami. Surtout qu’une effroyable sorcière chasse les enfants à la tombée de la nuit…
Le commencement est éloquent : une petite bouille d’ange, Aki, perdue dans une ville qu’il doit connaître, à sécher ses larmes sur les bancs d’une aire de jeux après avoir cherché le chemin de sa maison. Alors que le désespoir l’engouffre, un petit garçon lumineux aux yeux fermés et au sourire sincère vient à sa rencontre et cherche à le prendre sous son aile : c’est Jizo, un petit garçon déterminé à raccompagner Aki chez lui. Mais Aki, qui n’a pas envie de faire confiance à son nouvel ami, n’aura finalement nul autre choix que de le suivre, car une menace bien plus grande plane sur lui : une monstrueuse sorcière enchaînant des enfants et partant à leur recherche. Mais pourquoi Aki se retrouve-t-il confronté à toutes ces menaces ? Comment pourra-t-il s’en sortir ? Et surtout : pourquoi Jizo a l’air si calme ?
Le trait de Mato est d’une grande finesse, à tous les niveaux. Nos deux héros dégagent énormément de sympathie, simplement par leur chara-design. Le manga joue avec les contrastes et l’illustrateur parvient à les utiliser avec autant d’intelligence que de pertinence pour nous faire voyager dans cette ville emplie de mystères. Les planches sont toutes très bien découpées et jouent sur différents angles de vues : des plans rapprochés, des contre-plongées, de grands plans de paysage, des effets de mouvement… Le tout sur un papier premium au toucher extrêmement agréable. Visuellement, c’est un sans-faute !
Le scénario quant à lui est d’une fluidité incroyable et ouvre une parenthèse hors du temps. Pour préserver le secret que renferme le manga, soit tout son intérêt, cet article ne mentionnera aucun élément de l’intrigue si ce n’est ceux présentés dans le résumé : Aki doit trouver le moyen de rentrer chez lui et c’est notre petit Jizo qui se porte garant d’une telle tâche, mais pourquoi ? C’est aussi un secret du manga que Mr Tan est parvenu à garder très longtemps durant la lecture, et ce n’était pas chose facile : et même lors de sa révélation, l’histoire est loin d’être terminée.
Ce que l’on retiendra du manga ici, sans trop en dire, c’est la relation entre Aki et Jizo. Là où Jizo s’engage à aider Aki, ce sera au final ce jeune garçon perdu, pleurnichard au début, qui sera d’une grande aide au développement de Jizo et qui lui offrira une expérience mémorable. La fin nous a ému aux larmes et ce à plusieurs reprises : même après avoir lu une première fois le manga et avoir pleuré une première fois, il faudra préparer les mouchoirs pour une relecture.
L’ensemble des messages transmis par le manga sont on ne peut plus beaux et réconfortants. S’inspirant d’un conte bouddhique, Jizo met un point d’honneur à nous faire découvrir un pan culturel très fort au Japon. La narration de Mr Tan, le choix des mots attribués à tel ou tel personnage, tout est calculé pour rendre ce conte vivant et apaisant pour beaucoup de lecteurs. En conclusion, la lecture de ce one-shot est fortement recommandée et s’avère être beaucoup moins prévisible qu’il n’y paraît.