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Légendes Pokémon Arceus (Test) : Le renouveau tant espéré pour la licence ?

Après des années à espérer un changement majeur dans la licence Pokémon, Game Freak exauce enfin le souhait des joueurs avec Légendes Pokémon : Arceus. Premier opus de ce qui semble être le début d’une nouvelle série de jeux Pokémon, celui-ci a plutôt divisé les fans lors de son annonce et jusqu’à avant sa sortie. Tandis que certains se réjouissaient de la tournure que prenait la licence, d’autres craignaient la faiblesse technique du jeu ainsi que le manque de contenu. Légendes Pokémon : Arceus est-il donc le renouveau que les fans attendaient tant ? Voici notre test !

Un jour je serai le meilleur chercheur

Avant même de parler du jeu en lui-même, on peut saluer la communication de The Pokemon Company et Nintendo qui a su dévoiler des choses sans trop en faire, afin de garder pas mal de surprises, même au tout début de l’histoire.

Légendes Pokémon Arceus se déroule donc à Hisui, l’ancien nom de la région de Sinnoh, celle où se passe les opus Pokémon Diamant, Perle et Platine (tout comme leur remake). On nous transporte à une époque de l’histoire où les humains craignaient encore les Pokémon, leurs mystères et le secret de leur pouvoir.

Nous rejoignons le Corps des Chercheurs du Groupe Galaxie, une faction qui est venue s’installer à Hisui. Notre objectif ne sera pas cette fois de battre le maître de la ligue Pokémon locale, vu que ce concept n’existe même pas encore, mais de compléter le premier Pokédex de Hisui. On se retrouve donc plonger dans un monde Pokémon avec une très forte inspiration à l’époque du Japon féodal. Mais surtout, c’est l’ambiance survivaliste qui surprend positivement. Nous sentons que nous débarquons dans une petite communauté qui fait ce qu’elle peut pour s’approvisionner en vivres, survivre aux Pokémon sauvages et potentiellement s’étendre. La rupture est assez grande par rapport aux jeux Pokémon qui se déroulent dans un âge plus avancé, où on a l’impression que le monde est en parfaite harmonie et que toutes les personnes y vivent avec abondance.

L’époque présentée dans Légendes Pokémon Arceus nous montre aussi les premières inventions des Poké Balls. Le jeu n’oublie pas de faire dans les détails, en justifiant la présence de telles créations dans un passé très peu envahi par la technologie. Cela est la même chose pour plein d’autres éléments de l’univers, ce qui développe grandement le lore de Pokémon au passage. En parlant du lore de Pokémon, c’est un des points centraux du titre. On peut croiser énormément d’ancêtres de personnages connus de l’univers, découvrir (et forger) les premiers contacts entre humains et Pokémon, apprendre et voir se dérouler les nombreuses histoires et légendes qu’a à offrir la région de Hisui / Sinnoh, etc.

Par tout ce contexte, l’histoire de cet opus Légendes Pokémon gagne en profondeur mais aussi en maturité. Certes, on reste sur un modèle de trame scénaristique simple, comme sait le faire Game Freak ou Nintendo, cela n’empêche pas pour autant de l’apprécier, surtout si vous êtes un grand fan de la licence. On prend notamment beaucoup de plaisir à découvrir de nouveaux personnages et à les voir interagir ensemble. Sur ce point précis, on peut tout de même regretter un point assez important : les cinématiques.

Déjà, malgré la présence d’une synchro labiale approximative, on sent que Pokémon a désespérément besoin de s’octroyer le luxe du doublage comme l’a pu faire The Legend of Zelda il y a quelques années. On ne peut s’empêcher de penser qu’elle a l’air juste de manquer à l’appel, ce qui rend sur une ambiance sonore parfois un peu vide dans ces moments. L’autre point noir est celui des animations, car malgré qu’elles soient potables sur les humains en jeu et appréciables sur les Pokémon, lors des cinématiques, on sent que l’investissement n’a pas été colossale. On note surtout les expressions faciales un peu trop exagérées ou encore le manque de vie des mouvements.

En dépit de ces défauts, l’histoire est appréciable, tient en haleine et ne manque pas de rebondissements. Sur de nombreux points, elle rappelle beaucoup ce qu’a pu nous offrir les opus Pokémon Donjon Mystère à l’époque, ce qui est très positif. Pour continuer la comparaison, sachez que le jeu se divise en deux parties, se coupant avec la fin de la première trame principale, avant d’enchaîner avec une seconde, plus courte, mais qui est tout aussi importante à l’univers du jeu, si ce n’est plus encore.

Un nouveau frisson d’aventure

Légendes Pokémon : Arceus est le premier opus de la série de jeu principale à se dérouler dans un open world… du moins dans un semi-open world. Contrairement à ce qu’on aurait pu croire au début de la campagne de communication, le titre se rapproche plus d’un monde ouvert à la Monster Hunter ou à la Xenoblade Chronicles, avec de grandes zones segmentées, plutôt qu’un monde complètement ouvert comme celui de The Legend of Zelda : Breath of the Wild. On peut supposer que l’intérêt est de faire suivre une progression plus ou moins linéaire aux joueurs pour qu’elle soit en phase avec l’histoire.

La région d’Hisui se sépare en 5 grandes zones (sans compter celle de Rusti-Cité), proposant chacune un environnement différent comme sait si bien le faire la région de Sinnoh qu’on connait de base. En voyant leur construction, on peut aussi comprendre que les Terres Sauvages de Pokémon Épée & Bouclier devaient être un entraînement à ce que l’on retrouve actuellement. Néanmoins, on doit reprocher le manque de créativité dans le level design. Car bien qu’il fasse l’affaire, on se dit sans cesse qu’on aurait pu nous faire bien plus rêver avec encore plus d’extravagance sur le terrain et dans les décors, ainsi que plus de secrets à découvrir.

Malgré ça, tout l’intérêt de ce monde repose sur le gameplay et surtout sur le point principal de la licence : les Pokémon. Là où l’on va ressentir ce frisson d’aventure qui peut manquer depuis si longtemps à la licence, c’est dans la découverte des Pokémon, lesquels sont présents, dans quelle zone exacte de la région, leur comportement, etc. D’ailleurs, il est à noter que Légendes Arceus possède moins de 250 Pokémon. Pourtant, ce n’est absolument pas dérangeant, c’est même un très bon choix. Par rapport à la surface disponible et quand on repense au nombre de Pokémon présents nativement dans une région, on se rend compte à la fois du choix réaliste fait, mais aussi de l’intérêt de se concentrer sur moins de monstres de poche, afin qu’ils puissent tous gagner en qualité dans leur intégration au jeu. Cela fait contraste avec la polémique qu’il y avait eu avec Pokémon Épée & Bouclier, via l’annonce de la fin du Pokédex National.

De plus, cet opus se rend totalement indépendant, en proposant au joueur de remplir le Pokédex sans avoir à faire aucun échange. Tous les Pokémon se trouvent dans la nature et une alternative existe pour ceux ayant besoin d’une évolution par échange. En revanche, des sauvegardes d’anciens jeux de la licence sont nécessaires pour pouvoir débloquer certains légendaires (bien qu’ils ne soient pas nécessaires à la complétion du Pokédex). Pour ce qui est des nouvelles formes de Pokémon, l’appréciation de ces dernières dépend des goûts et des couleurs de chacun, mais on peut saluer l’inventivité indéniable sur certaines d’entre-elles. Si vous avez uniquement vu certains « visuels » passés sur internet, sachez que les formes rendent bien mieux en jeu.

Mais par-dessus tout ça, là où Légendes Pokémon Arceus brille, c’est concernant son gameplay. Jamais Pokémon n’a été aussi fluide et dynamique. Pour la première fois, nous devons totalement réapprendre à jouer à Pokémon. Capturer les monstres de poche sans devoir engager un combat est extrêmement satisfaisant. En parlant des combats, ils ont enfin été modernisés avec le système d’ordre d’action et des styles puissant et rapide, qui rajoutent une dimension stratégique très intéressante, tout en permettant de garder le tour-par-tour que l’on connait si bien. Et même si vous n’avez plus de Pokémon en forme, vous pouvez tout de même évitez le Game Over grâce à la survie de votre personnage contre les attaques des monstres sauvages, qui est primordiale et qui définit vos déplacements.

En parlant de déplacements, parlons de ceux dans le monde. Il est fréquent d’enchaîner phases de furtivité et course-poursuite avec les Pokémon, soit parce qu’ils s’enfuient, soit parce qu’ils tentent tout simplement de vous tuer. Les déplacements deviennent très appréciables et fluides à partir du moment où vous récupérez les montures qui sont toutes très utiles. La seule déception est concernant la monture volante, qui permet plus de planer que de réellement voler.

En vous déplaçant à travers la carte, vous aurez l’occasion de tomber sur un tas de ressources qui vous seront très utiles pour faire du commerce, remplir des quêtes ou juste crafter vos items. Car dans Légendes Arceus, plus besoin d’acheter vos Poké Balls ou vos Rappels au magasin, vous pouvez directement les fabriquer vous-mêmes, même en pleine nature, tant que vous avez la recette. Cependant, la sacoche n’est pas illimitée et aura besoin d’être agrandie contre de l’argent du jeu. Nous considérons ça comme une erreur, pour la simple raison que cela ne rajoute pas vraiment de la difficulté, cela embête juste le joueur et peut lui faire perdre l’habitude de récolter des ressources quand la sacoche vient à être pleine (ce qui arrive souvent).

Tant qu’on est sur la difficulté, Légendes Pokémon Arceus est sûrement l’opus le plus dur à ce jour. Rien qu’avec le nouveau gameplay, les vieilles habitudes partent en fumée, mais surtout, l’IA des dresseurs et des Pokémon a bien haussé le niveau. Fini les attaques au hasard qui ne vous font rien, ils trouveront le moyen de vous faire le plus de dégâts possibles sans aucune forme de pitié.

Cette difficulté se ressent aussi dans les boss, qui parfois même en devient presque injuste avec des attaques impossibles à esquiver pour le commun des mortels. En parallèle, les combats contre les Pokémon barons ne présentent pas un intérêt immense et ne donneront pas vraiment envie de s’y attarder une seconde fois. Pour ce qui est des autres boss, le jeu comporte des dresseurs très puissants, dont celui du combat final qui est tout aussi dur que surprenant (peut-être le plus dur de la série) et est très certainement le combat plus intéressant qu’on ait eu à ce jour.

Concernant les quêtes et activités secondaires, on oscille de « intéressant » à « classique ». Certaines quêtes essayent de proposer un vrai plus et une vraie utilité, afin, par exemple, d’aller fouiller un endroit de la carte en particulier que l’on n’aurait peut-être pas fait naturellement. Mais évidemment, on ne passe pas à côté des éternelles « quêtes Fedex » d’open world.

Pixelmon

Maintenant vient le sujet sensible de Légendes Arceus : les graphismes. Ne nous voilons pas la face, oui, le jeu possède de très grosses lacunes techniques, que cela soit dans les textures, dans la distance d’affichage, dans l’aliasing, etc. Mais quitte à faire l’avocat du diable, il est intéressant de savoir pourquoi nous avons droit à un tel résultat. Malgré que Pokémon soit la licence la plus rentable de tous les temps, Game Freak reste un petit studio embarqué dans une machine trop grande pour lui, ayant pour vocation de rester une entreprise à taille humaine. Ce qui va à contre-courant de leur succès, de l’évolution de l’industrie et de la volonté des fans.

Aujourd’hui, Game Freak dépasse à peine les 150 employés, ce qui est très peu pour un studio réalisant d’aussi gros titres. Derrière, c’est la machine commerciale Pokémon qui les empêche aussi de pouvoir prendre leur temps pour sortir un jeu digne de ce nom, car toute une économie repose sur leurs épaules. Sans moyens humains suffisants et sans grande durée de temps, il est très difficile d’obtenir un jeu bien fini, surtout du côté des graphismes. Doit-on donc reprocher à Game Freak ce résultat ? Difficile de répondre clairement oui ou non. Ce qui est sûr, c’est que le studio, en connaissance de cause, ne se donne pas les moyens pour évoluer, malgré qu’ils soient disponibles et c’est ce qu’on peut légitimement reprocher.

Il est aussi question de relativiser. Déjà, la direction artistique permet de compenser un peu le côté visuel et la fluidité du framerate est (heureusement) au rendez-vous. Ensuite, la comparaison est beaucoup faite avec Breath of the Wild, mais il faut se rappeler qu’il s’agit d’un jeu créé par le constructeur de la console où il est sorti, qu’il a été repoussé maintes et maintes fois, que beaucoup plus de personnes travaillaient dessus, que (l’incroyable) moteur a été conçu à la base pour une console moins puissante (la Wii U) et que l’opus Zelda souffre tout de même de certains mêmes défauts que cet épisode de Pokémon, comme le clipping par exemple. La Nintendo Switch reste, malheureusement, une console qui ne s’ouvre qu’aux jeux capables de faire des concessions et de s’adapter via une optimisation massive. Mais dans tous les cas, cela reste le plus gros défaut du titre.

Enfin, sur les musiques, nous sommes conquis une fois de plus. Les thèmes de combats sont excellents et la majorité de ceux joués dans la nature rajoutent juste ce qu’il faut d’ambiance. Mais pendant cette exploration, il arrive d’avoir de temps à autre des musiques un peu trop hors-sujet, pouvant nous faire croire être dans une ville Pokémon habituelle… sauf que nous sommes en pleine nature.

Conclusion

Légendes Pokémon : Arceus est le début d’un grand renouveau pour la licence. Avec cette formule, il semble difficile de revenir à l’ancienne qui paraît désormais atrocement basique et lente. Cet opus donne la sensation que Game Freak a décidé de réellement écouter les fans et d’exaucer leurs souhaits. Certes, le jeu possède de très grosses lacunes, mais nous avons espoir que la plupart soient corrigées à l’avenir. La question est aussi de savoir si le studio est prêt à aller à se bousculer encore plus pour s’améliorer. En conclusion, Légendes Arceus est une très bonne expérience qui ravive la flamme de dresseur Pokémon et qui nous rend optimise quant à l’avenir.


Note : 16/20

Points positifs :

    • Le renouveau de la licence Pokémon
    • Un gameplay fluide et dynamique
    • Une vraie difficulté
    • Un sentiment d’aventure
    • L’exploitation du lore Pokémon

Points négatifs :

    • De grosses faiblesses techniques
    • Un level design qui manque parfois d’inventivité
    • Toujours pas de doublage