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Millenium Actress – Entre le réel et l’imaginaire

Satoshi Kon, l’un des plus grands réalisateurs de film d’animation mais aussi mangaka, ayant fait ses débuts au côté du célèbre Katsuhiro Otomo (Akira), et connu pour avoir réalisé de nombreux chefs-d’œuvre comme Perfect Blue, Tokyo Godfather ou encore Paprika, nous a quitté en 2010.

C’est donc en hommage à l’artiste, après 10 ans depuis sa tragique disparition que l’un de ses films, Millenium Actress sorti en 2001 au Japon,  ressort au cinéma le 18 décembre 2019 en France en version remastérisée HD.

Il faut savoir qu’avant d’avoir réalisé ce film, le premier de sa carrière était Perfect Blue, racontant la vie d’une idole japonaise, mélangeant horreur, angoisse et dégoût, le tout avec une approche graphique très réaliste. Le film est un véritable succès et se voit accorder de nombreux prix. Pour son second long métrage qui sera donc Millenium Actress, les producteurs lui ont demandé de refaire un film traitant la même thématique, la réalité subjective, chose qu’il concrétisera dans ce film.

Mais Millenium Actress, qu’est-ce que ça raconte ?

Chiyoko Fujiwara est une ancienne célébrité du cinéma japonais, étant aujourd’hui très âgée et vivant recluse chez elle. Un jour, un journaliste et admirateur vient lui rendre visite pour l’interviewer sur son passé. Il lui remet une clef, que Chiyoko avait perdu voilà 30 ans… Elle se met à raconter son histoire, toute sa vie, avec pour spectateurs cet interviewer, son caméraman et nous-mêmes, passant de film en film qui se rejoignent, et alternant avec les retours à la réalité où on peut les voir jouer les rôles, pris dans le récit de Chiyoko. Une vie pleine d’amour et de passion… une vie à la recherche d’un étrange inconnu, celui même qui lui a un jour remis cette clef avant de disparaître dans la précipitation, poursuivi par la police et devant se rendre à la guerre.

L’œuvre ne parle pas cette fois d’une idole japonaise, mais d’une actrice des années 50, qui étaient autrefois glorifiées au même titre que les idoles aujourd’hui.

Tout au long du film nous suivons donc la carrière de cette actrice et son histoire d’amour avec le mystérieux homme au chapeau qu’elle tentera de retrouver toute sa vie et qui la hantera tout au long du film. Les scènes de cinéma ayant marqué sa carrière se croiseront avec les événements qui auront marqué sa vie, surprenant le spectateur à plusieurs reprises et nous laissant dans un flou constant, en jouant avec de nombreux trompes-l’œil, notamment dés la première scène du film, mais aussi avec la perte de la notion du temps. L’histoire est racontée par l’actrice elle-même à l’occasion d’une interview avec un journaliste et son cameraman qui seront eux même incorporé aux flashbacks tout au long de l’histoire, jouant donc avec 2 temporalités, celle du présent et celle contée par l’héroïne.

Comme dans nombre de ses films, nous avons là un personnage principal féminin fort, un film dense, avec un rythme effréné, car oui, impossible de s’ennuyer pendant la projection. L’histoire et les personnages sont touchants, impossible de rester de marbre devant cette tragique histoire d’amour et la dure vie de Chiyoko, le tout renforcé par le style graphique de l’oeuvre. Il y a une réelle mise en abîme du cinéma dans le cinéma. Le film est une réelle lettre d’amour pour celui-ci.

L’œuvre passe d’une séquence à l’autre avec de superbes transitions, de scène en scène sans savoir s’il s’agit vraiment de ce que Chiyoko a vécu ou non. La frontière entre l’imaginaire et le réel est très étroite. Dit comme cela, le scénario peut paraître simple, et il l’est. Mais est-ce qu’un scénario simple dessert forcément un film ? Le message que veut faire passé Kon y est parfaitement retranscrit, ce n’est pas l’objectif qui importe réellement, c’est le chemin pour y arriver qui l’est.

Le film a eu un petit budget, 1 million de dollars, et devient un succès encore plus grand que son précédent film, Perfect Blue. Millenium Actress ressort chez nous le 18 décembre 2019 et je ne peux que vous encourager à aller le voir, pour découvrir ou redécouvrir tout l’art de Satoshi Kon.