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Shino ne sait pas dire son nom – Le handicap d’une vie

Shino ne sait pas dire son nom est un one-shot de Shuzo Oshimi, un auteur dont nous sommes très fan dans la Team. Nous vous en avons parlé à de nombreuses reprises sur le site, que cela soit pour Hapiness ou Les liens du sang. Ce manga-ci est paru chez Ki-oon le 19 mars 2020.

Atteinte d’un trouble de la parole, Shino est incapable de prononcer son nom et tenir une conversation est un vrai calvaire, si bien qu’elle préfère se tenir à l’écart des autres. Mais sa rencontre avec Kayo, une camarade de classe, va changer sa vie.

Shino est une jeune lycéenne incapable de prononcer son nom et souffrant de bégaiement dû à son anxiété. En début d’année scolaire, alors que chaque élève doit se présenter devant la classe, n’arrive pas à le faire. Oshimi fait ici exprès de faire sortir certains dialogues des bulles pour faire ressentir l’anxiété de Shino, qui dans sa tête n’écoute pas ce qu’il se passe autour d’elle. Une idée très intelligente de l’auteur pour que le lecteur puisse se mettre à la place du personnage.

Elle se lie d’amitié avec une fille de sa classe, Kayo, qui ne la juge pas sur sa drôle de façon de parler contrairement à ses autres camarades de classe. Cette dernière décide d’inviter notre héroïne chez elle, à moins que ce soit plutôt Shino qui s’incruste, toute enjouée d’avoir enfin une copine. Kayo lui joue de la guitare en chantant et si la jeune fille joue bien, elle chante comme une véritable casserole, contrairement à Shino qui en plus d’avoir une belle voix, surmonte son handicap quand elle chante. Il est intéressant de noter le fait que la première fois que Shino entend Kayo chanter très mal, elle se met à ricaner et reproduit donc sur autrui ce qu’on lui fait subir au quotidien. Elle passe de victime à harceleuse sans le vouloir, ce qui blesse son amie. Se rendant vite compte de la situation, elle clame ses excuses que Kayo accepte, à une condition : celle de former un duo.

Nos deux jeunes filles vont donc former un tandem, une à la guitare et l’autre derrière le micro, se nommant « Shinokayo« . L’objectif est de faire un concert à la kermesse de l’école, un but que redoute tout particulièrement Shino qui est très timide. Car Shino ne sait pas dire son nom traite avant tout de la timidité à l’adolescence, un sujet qui parlera sans aucun doute à de nombreuses personnes.

Alors qu’elles font un mini concert dehors, un élève qui se moquait de notre héroïne au début la voit chanter. Shino, prise de panique, décide de s’enfuir face à celui qui s’appelle Kikuchi. Ce dernier a pourtant trouvé le duo de filles trop cool, au point qu’il veuille les rejoindre. Elles finissent par accepter et Kikuchi se retrouve à jouer du tambourin dans ce qui commence à devenir un vrai groupe de musique. Mais dans le duo devenu trio, Shino se sent isolé face à la relation entre Kayo et Kikuchi, qui devient plus qu’amical. Encore une fois, elle décide de fuir face à ce sentiment d’abandon. Ce moment où l’on trouve qu’une personne qui nous est chère se rapproche de plus en plus d’une autre personne et nous délaisse, tout le monde l’a déjà vécu. Ici, l’auteur exprime parfaitement cette peine, comme à son habitude.

Ce n’est qu’au moment de la fameuse kermesse, qu’elle assiste au concert en solo de Kayo, qui se ridiculise devant la foule avec son chant douteux. Shino se rend compte qu’elle n’a pas été remplacée par Kikuchi du tout et prend son courage à deux mains pour arrêter ce massacre. Elle interrompt le concert en hurlant au monde son problème de bégaiement. Elle s’accepte enfin comme elle est, n’a plus peur du regard des autres. Shino vient de franchir l’étape la plus difficile et la plus importante pour être bien dans sa peau.

Le manga se termine sur une belle scène montrant l’avenir de Shino, qu’on ne vous spoilera pas ici ! On apprend dans la post-face que cette histoire est inspirée de la vie de Shuzo Oshimi, qui était lui aussi victime de bégaiement. Il raconte notamment que son métier de mangaka l’a beaucoup aidé. Cette confession est touchante et on se rend compte que l’auteur s’est livré à nous avec ses faiblesses. Shino ne sait pas dire son nom est sans doute le manga le plus accessible d’Oshimi, en plus d’être en un seul volume. Si vous étiez intrigué par ce mangaka qui fait tant parler de lui en ce moment, c’est l’occasion de vous plonger dans son univers !